En ce 1er mercredi du mois de septembre, le Guide du Tablier fête ses 6 mois ! Pour ceux qui ne sauraient pas ce qu’est le Guide du Tablier, allez jeter un oeil sur la présentation du premier Guide (voire même rendez-vous directement sur la page de la boite à outils du Tablier).
Si on a fait dans la légèreté pendant l’été, avec la rentrée, je vais me pencher sur un sujet un peu plus sérieux et qui me tient particulièrement à coeur : l’écologie. En effet, sauf à ce que vous ayez coupé toute relation avec le monde extérieur (télévision, radio, presse écrite…), vous n’êtes pas sans savoir que début décembre se tiendra à Paris la Cop 21. Pour ceux qui découvriraient ces mots à l’instant, je vais la faire simple. Nous n’avons qu’une planète et si on continue comme on est parti, on va droit dans le mur. Cette grande conférence internationale est une des dernières occasions données à l’Humanité de limiter la hausse des températures et, donc, de maintenir le réchauffement climatique dans des limites vivables.
Comme ça se passe en France, comme je suis un peu un ayatollah de l’écologie, pendant 2, 3 ou 4 mois, je vais vous parler : consommation ET bouffe ET écologie ! Car même si à notre petit niveau, nous ne pouvons pas tout, je reste persuadé que tous les petits gestes du quotidien (éteindre la lumière, couper l’eau quand on se lave les dents…) vont dans le bon sens et méritent d’être soulignés ! Et puis, peut-être que pour une fois, l’exemple pourrait venir du bas et que nous pourrions forcer nos politiques à agir…
Pour commencer, je vous propose de lire l’article qui sera certainement le plus sexy du blog puisqu’il sera consacré au… compostage ! Haut les coeurs !
Le pourquoi du comment…
Comme je vous l’ai dit, je suis un peu un passionaria de l’écologie (on met les choses au clair tout de suite, je parle de l’écologie avec un grand E, de celle qui veut faire changer les choses, pas nécessairement de l’écologie politique). Après avoir réfléchi un moment (et tarabusté mes proches), nous avons sauté le pas et investi dans un composteur. Maintenant, cela doit faire 2 ou 3 ans que nous avons adopté le réflexe compost et je vais vous faire partager mon expérience. Cela va sans dire mais, à la maison, le compostage n’était que la suite logique du tri sélectif : déchets ménagers, déchets en verre et déchets en plastique/papier.
A la base, dans mon cerveau (un peu ramolli, je vous l’accorde), il s’agissait de diminuer mes déchets (oui, je vous l’ai dit, c’était avant tout une démarche écologique) mais il s’est avéré que ce n’était pas le seul avantage du composteur !
Vous me direz que ce sujet n’a qu’un lien éloigné avec la consommation et la bouffe (pour l’écologie, on est dedans, c’est sûr). Et bien non ! La consommation, pour moi, ça commence avec l’acte d’achat (voire même un peu en amont) et ça se termine avec les déchets : de ce côté, on est donc bon aussi. La bouffe, c’est aussi le dada du compostage puisqu’il ne “mangera” que des des déchets biodégradables qui sont, grosso modo, assimilables à une partie de notre alimentation. Ouf, là encore, j’ai vu juste. Maintenant, on peut passer au compostage !
Le problème des déchets “compostables”
Quand on cuisine (que ce soit un petit peu ou beaucoup), on jette beaucoup de choses organiques qui rejoindront la poubelle “classique” et ses déchets. Après avoir été ramassés, ces déchets organiques seront ensuite incinérés et pollueront. Pour être détruits, ils auront donc pollué deux fois : lors de leur ramassage et lors de leur incinération. Sauf que tous ces déchets biodégradables sont hyper nombreux et volumineux : les légumes, les fruits, les produits céréaliers, les produits laitiers, les coquilles d’oeufs…
Par dessus le marché, il y a tous les aliments organiques qui faute d’avoir été consommés finiront aussi à la poubelle. Bien entendu, je parle ici du gaspillage. A la maison, on essaie de le limiter au maximum mais il y a toujours des choses qui passent au travers, genre le petit bol de riz qui traine dans le frigo plusieurs jours. Or, si on ajoute ces restes organiques “périmés” (pour faire simple) aux déchets organiques à proprement parler, ça fait beaucoup. Beaucoup trop !
Au final, on a donc beaucoup de choses dans notre cuisine qui vont polluer alors qu’elles pourraient être bien plus utiles ailleurs. D’où l’intérêt d’utiliser un composteur !
Le compostage, un geste du quotidien
Au même titre que le tri sélectif, le compostage est un réflexe du quotidien. Une habitude à prendre qui va vous demander un peu de concentration (penser qu’il faut composter plutôt que jeter) et de réflexion (que faut-il mettre ou non dans le compost). Au bout de quelques jours, tout se fera très naturellement sans y faire attention. Pour l’anecdote, c’est assez drôle lorsque nous avons des invités à la maison : ils se prennent vite au jeu (surtout ma grand-mère !), s’adaptent et demandent ce qu’ils peuvent mettre ou non. Comme quoi, si on y met un peu du sien…
Il est possible que lors de l’achat de votre composteur, un petit bac (un genre de petite poubelle) soit fournie. Dans ce cas-là, tout est simple : il suffit de placer le bac dans la cuisine et de mettre tous les déchets compostables dedans et d’aller le vider dans le composteur une ou deux fois par jour. A défaut, il suffit de mettre les épluchures et consorts dans un grand récipient (seau, saladier…) et de le vider régulièrement.
Dans votre compost, vous pouvez mettre tout un tas de trucs :
– les déchets de cuisine : épluchures, marc de café, coquille d’oeuf, pain, laitage, fruits et légumes abimés, filtres (pas de cigarettes, hein), pain, agrumes…
– les déchets de jardin : tonte, feuilles, copeaux/écorces de bois…
– les déchets de maison : cendre, papier journal, essuie-tout, fleurs fanées…
Personnellement, je cantonne essentiellement le compostage aux deux premières catégories de déchets. Par exemple, je ne composte du papier journal que lorsque j’ai épluché mes légumes dessus : je mets tout au compost. Après, chacun fait un peu à sa sauce : trop d’agrumes acidifieront un peu votre compost (ce qui peut avoir de l’importance si vous l’utilisez pour vos plantes), les déchets trop durs ou trop gros mettront du temps à se dégrader (ainsi, il vaut mieux bien casser les coquilles d’oeufs, faire des petits morceaux avec les trognons de choux ou les agrumes…)…
En gros, le compost est une grosse salade de fruits dans laquelle il y a intérêt à mélanger les différents déchets pour obtenir un compost de qualité et assez rapidement : les déchets carbonés et azotés (les premiers se compostent extrêmement lentement alors que les seconds se dégradent très vite), les déchets fins et grossiers (pour permettre une bonne aération du compost), les déchets humides et secs (les premiers se tassent et s’asphyxient quand les seconds ne se dégradent pas)… Bref, comme dans la vie, il faut de tout pour faire un compost réussi !
Enfin, au niveau entretien, il n’y a pas grand chose à faire, si ce n’est laisser passer le temps. Il faut simplement aérer régulièrement et maintenir une humidité élevée… Cela permettra une dégradation rapide et dans de bonnes conditions (pas ou peu d’odeur…).
Bilan cout/avantage
Le bilan est vite fait :
– Avantages : diminution impressionnante de vos déchets ; peu d’entretien à réaliser ; création d’un compost qui réjouira vos plantes ;
– Inconvénient : se déplacer jusqu’au compost une ou deux fois par jour (c’est mauvais pour votre train-train quotidien mais bon pour votre corps ;-)); quelques odeurs ou insectes, notamment si le compost est mal/pas aéré/humidifié (et encore, il faut avoir le nez dessus mais à 1 mètre, il n’y a plus rien).
Je vous fais un dessin ou vous avez compris ? 🙂
Les solutions de secours
Idéalement, il suffit d’acheter un bac à compost dans une jardinerie. Toutefois, j’ai quelques astuces pour remplacer ou pallier l’absence d’un composteur.
1/ Renseignez-vous auprès de votre commune ou communauté de communes ! Parfois, les collectivités locales fournissent gratuitement ou à prix très bas un bac, notamment lorsqu’elles sont engagées dans une dynamique de développement durable.
2/ Optez pour le compost en tas ! C’est simple, il suffit de faire son compost à l’ancienne. Sur 1 ou 2m2 dégagé, on entrepose les déchets organiques et on les laisse se dégrader tout seul, comme des grands.
Ça, c’est dans l’optique où vous voulez faire du compost. Toutefois, je ne suis pas non plus un Bisounours du composteur. J’ai bien conscience que, parfois, ça peut être compliqué. Mais là encore, il y a des solutions pour limiter vos déchets…
1/ Achetez des poules ! Les poules, c’est encore mieux que le compost : ça mange tout et ça donne des oeufs. Là encore, certaines collectivités en “offrent”.
2/ Éveillez vos voisins à la pratique du compostage ! J’habite en maison individuelle, j’ai un jardin, ce qui simplifie grandement les choses. Toutefois, même en immeuble et sans jardin, vous pouvez faire un compost collectif, au pied de votre immeuble.
Pour conclure, mon avis…
Au cas où cela n’aurait pas assez transparu à travers cet article, le composteur fait désormais partie intégrante de notre quotidien et pour rien au monde nous ne reviendrions en arrière.
Je ne dis pas que le compost est toujours une partie de plaisir, loin de là. Parfois, notamment en hiver, on préfèrerait tout mettre dans la poubelle sans se prendre la tête et ne pas se geler jusqu’au fond du jardin… Parfois, ça soule un peu de devoir remuer ce compost qui ne sent pas très bon… Parfois, comme tout ce qui prend un peu de notre temps (si précieux) et qui demande (un peu) de réflexion, on aimerait faire simple et passer à autre chose. La solution de facilité serait alors de revenir à une poubelle unique mais, heureusement, ce découragement ne dure pas, c’est juste un état passager.
A la maison, c’est grâce à ma communauté de communes que nous avons sauté le pas du compostage. Comme je vous l’ai dit, la famille n’était pas très chaude mais comme le bac ne coûtait presque rien, je les ai convaincu de sauter le pas. Depuis, on s’est peu à peu “professionnalisés” (il faut dire qu’on est des méga consommateurs de déchets biodégradables) et avons investi dans un nouveau bac. Ces deux bacs sont très pratiques car quand nous en remplissons un, nous laissons l’autre composter à son rythme et nous inversons lorsque le cycle de dégradation est terminé.
Comme je vous l’ai dit, à la base, le compost était utilisé pour réduire nos déchets. De ce côté là, c’est mission plus que réussie. Déjà avec le tri sélectif, nous avions fortement diminué nos déchets incinérables. Avec le compost, nous avons encore réduit de manière drastique nos déchets. Sans mentir, la poubelle a dû diminuer de 50 à 60%. Nous qui avions toujours une poubelle qui débordait, nous n’avons plus aucun problème. D’ailleurs, le ramassage se faisait deux fois par semaine et, à la fin, nous ne mettions plus la poubelle qu’une fois par semaine (maintenant, ma commune étant engagée dans un plan de développement durable, les éboueurs ne passent de toute façon qu’une fois par semaine). Cela est particulièrement visible en hiver puisque nous produisons, en tout cas à la maison, beaucoup plus de déchets biodégradables : nous cuisinons plus et nous cuisinons plus de plats produisant des déchets (la soupe en est l’exemple frappant). Si vous voulez, pour vous rendre compte de ce que je vous dit, je vous invite à faire le test : à la fin d’un repas, triez dans deux assiettes différentes ce qui serait compostable et ce qui ne le serait pas. Vous serez surpris !
La belle surprise du compostage, c’est le compost en lui-même. Moi, je voulais juste réduire les déchets mais il fallait bien faire quelque chose du compost ainsi obtenu. Nous l’avons donc utilisé dans le potager et pour les fleurs/plantes vertes… Croyez-moi si vous voulez mais nous n’avons jamais eu d’aussi beaux légumes et d’aussi belles plantes : le compost est un engrais naturel absolument génial !
Je ne sais pas si cet article vous aura convaincu mais j’espère qu’au moins il vous aura permis de réfléchir ! Quoi qu’il en soit, si vous voulez aller un peu plus loin, vous pouvez regarder ce qu’il se passe chez :
l’ADEME ;
Terre vivante ;
Gerbaud ;
Compost à Paris…